Les JO de Rio, nature, solidarité, danse, musique, optimisme et joie !

Symbole paix avec la nature Brésil JO de Rio 2016

La cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques 2016 à Rio de Janeiro a été comme tout le monde l’espérait une explosion de musique, de couleurs, de samba, de bonheur et d’optimisme, d’union entre les hommes et les peuples. Une célébration du bonheur d’être ensemble et de participer à des compétitions sportives. Tous les quatre ans je savoure ce moment, que je ne manquerai pour rien au monde, par amour des grandes fêtes et pour la beauté de ce spectacle, l’un des « shows » planétaires les plus attendus au monde. Mais cette année, cela a encore plus de sens pour moi : d’abord parce que les JO se déroulent enfin en Amérique du Sud, dans un continent émergent, valorisant leur présence et leurs compétences au même niveau que les pays occidentaux. Ensuite parce que j’ai un attachement particulier pour le Brésil, le même que pour Cuba : des pays qui cultivent la joie par la musique et la danse.

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Je suis accro aux rythmiques, et j’ai joué pendant plusieurs années dans un groupe de musique brésilienne (une batucada), avec une joie immense. Les percussions sont pour moi le battement de l’âme humaine, le rythme a été présent dans les cultures humaines dès leur naissance il y a 200 000 ans, le tambour, fait de bois et de peau d’animal tendue et tannée, est le plus ancien instrument de l’humanité avec la flûte, taillée dans les os. Les rythmiques brésiliennes ont été apportées par les esclaves africains et ont imprégnés la culture du pays même après l’abolition de l’esclavage en 1888. Le peuple brésilien est très métissé : Portugais, Africains, Amérindiens, et autres peuples européens, comme à Cuba ou en République Dominicaine, il  existe toutes les couleurs de peau qui vivent en harmonie dans un même pays. C’est un peuple qui de révolution en désordre, a réussi à créer un mélange magnifique de tout ce que son histoire lui a apporté. C’est ce qu’on appelle une culture. Et la manière dont ce pays s’est représenté et présenté au monde permet de le comprendre de l’intérieur ; les cérémonies organisées par les pays qui accueillent les JO me parlent beaucoup, évidemment.

Escalier Celaron Rio de Janeiro

Le Brésil, c’est une parfaite illustration de la psychologie positive, de la joie volontaire, avec tous ses ingrédients. Le soleil, sa lumière, un élément essentiel à la santé mentale. Les couleurs, qui éveillent naturellement la joie. Le sport, qui entretient le corps, régule l’humeur, permet d’évacuer le stress et les angoisses, et d’être en lien avec les autres, notamment avec le football (leur religion) et le volley (leur sport national, souvent pratiqué sur les plages… comment joindre l’agréable à l’agréable !). C’est l’histoire des esclaves africains, qui ont su résister à leur immense malheur en se battant pour exister malgré tout. En gardant leur musique, qui aujourd’hui imprègne la musique brésilienne, notamment au Nord, à Bahia. C’est la capoeira, ce moyen très rusé de conserver et travailler leurs techniques de lutte africaine en déguisant leurs combats en danse à l’époque coloniale. Il leur aura fallu une sacrée force psychologique et LE bon état d’esprit pour non seulement ne pas mourir, mais survivre, et vivre, en même réussir à garder et sublimer leur propre culture. Ce sont les favelas, creusets de misère, où pourtant les nouveaux courants culturels, artistiques et musicaux sont en train de naître. Ce sont les écoles de samba, où même les plus pauvres et les plus seuls trouvent une famille et défilent devant des centaines de millions de personnes habillés de costumes incroyables. C’est un pays où les mendiants ne désespèrent pas de devenir riches et d’habiter un jour les riches quartiers d’Ipanema ou de Copacabana. Dans leurs chansons, même s’il y a des problèmes, de la pauvreté et de la violence, on parle surtout de joie de vivre. C’est toujours trouver une façon ludique de transformer les souffrances, de les sublimer. De profiter de la vie telle qu’elle est maintenant, tout en portant toujours l’espoir d’avoir une vie meilleure. La douceur du climat aide beaucoup, les Brésiliens eux-mêmes le disent…

Les JO, c’est aussi un symbole de la paix, d’une union mondiale pendant 15 jours, où les pays, pour une fois, s’affrontent pacifiquement et se réjouissent ensemble, entre humains, entre corps humains, entre âmes humaines, où chacun a la possibilité de réaliser son rêve de médaille. A l’opposé des guerres économiques, politiques et des vraies guerres, celles où des hommes, des femmes et des enfants saignent et meurent. Comme Pierre de Coubertin, j’y crois, à la fraternité, et je suis pourtant loin d’être naïve. La solidarité est une force gigantesque qui peut changer les choses. Les JO, c’est un shoot d’optimisme et une bonne et vraie occasion de faire la fête. C’est une source de motivation, quand on voit des athlètes de pays pauvres, ayant connu la guerre, ou l’équipe olympique des réfugiés, qui ont réussi à croire en leurs rêves jusqu’au bout et sont 10 à être présents pour se battre, pour gagner, malgré tout. Leur héroïsme est juste une leçon de courage et de vie. Voici par exemple l’histoire de Yolande.

Originaire de Bukavu, dans l’est de la République Démocratique du Congo, elle a fui la guerre civile qui a dévasté le pays entre 1998 et 2003. Le conflit armé le plus sanglant dans l’histoire de l’Afrique contemporaine – une « guerre mondiale africaine », diront les experts. Yolande avait 10 ans. Elle découvre le judo dans le camp de réfugiés de Kinshasa. Mais les conditions d’entraînement deviennent chaque jour plus insupportables. « Si on revenait d’une épreuve sans médaille, on était maltraités, nourris seulement d’un peu de pain et de café pendant plusieurs jours ». La jeune femme est à bout lorsque, en 2013, elle est à Rio pour les championnats du monde. Elle saisit avec une autre judoka l’occasion pour se faire la belle et trouve refuge au sein de Caritas, l’association de défense des droits de l’homme, à deux pas du stade Maracana. […] Elle espère que cette soudaine notoriété planétaire « pourra changer [sa] vie. Peut-être que ça va m’aider à retrouver la trace de mes proches et me permettre de les faire venir ici. » Aujourd’hui Brésilienne, la jeune judokate dit ne plus arriver à se souvenir ni du visage de sa mère ni de celui de ses frères et sœurs. […] « Si mon père et mes frères me voient à la télévision, je pourrai leur donner mon numéro, s’imagine-t-elle. J’aimerais tellement les revoir… » Plus qu’une médaille, ce serait sa victoire à elle : « J’ai tout perdu dans ma vie. Là, je peux peut-être regagner quelque chose. »

C’est voir se créer un Prix Olympique qui récompense pour sa première édition Kipchoge Keino, un orphelin, pauvre, né au fond de l’Afrique, devenu un athlète médaillé d’or et philanthrope, et qui a continué l’oeuvre de paix des JO en créant des écoles pour les enfants les plus délaissés de son pays, le Kenya. Lui-même a eu la chance d’être repéré par un athlète américain venu en Afrique pour détecter des talents et les aider à faire carrière dans le sport, après avoir gagné ses propres médailles. Croire en la solidarité et créer un cercle vertueux…

Brésil JO Rio 2016

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Brésil JO Rio 2016

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C’est faire allumer la flamme, immense honneur, par un athlète… perdant, Vanderlei de Lima, qui n’a pas pu remporter l’épreuve du marathon aux JO d’athènes en 2004. Stoppé dans sa course en tête par un déséquilibré, il ne remportera que la médaille de bronze. Une autre vision de l’humain, valorisé pour son courage et son honneur plus que pour ses seules performances sportives.

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C’est la mise en valeur du nouveau combat écologique du Brésil pour sauvegarder son trésor : les 8 millions de kilomètres carrés de la forêt amazonienne. L’image des anneaux constitués d’arbustes, et l’idée de donner une graine à chaque athlète pour qu’il la plante et participe ainsi symboliquement à la reforestation… Le Brésil s’est (enfin) lancé dans une politique d’écologie d’envergure pour sauver ses territoires du Nordeste, riches terres agricoles, eden de vie où pousse une variété incroyable de fruits et de légumes. C’est ce moment émouvant où les natifs Améridiens, peuples des forêts, entrent en scène et dansent avec leur forêt, leur donnant enfin la reconnaissance et la visibilité qu’ils méritent. Trois milliards d’être humains ont regardé cette cérémonie. Une occasion unique de faire passer ces beaux messages.

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peuple améridien aborigène Brésil JO de Rio 2016

Plantation arbres forêt Amazonie Brésil JO de Rio 2016

Symbole paix avec la nature Brésil JO de Rio 2016

Les JO de Rio, nature, solidarité, danse, musique, optimisme et joie, un article signé Sophie Girardot. Le texte de cet article est la propriété de son auteur et ne peut être utilisé sans son accord et sous certaines conditions. Sources / Crédits

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Sophie Barbarella

Auteure et conférencière

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